• Les élections départementales

    Si une personne vous demandait d'accomplir une action censée vous obtenir tel ou tel résultat, mais que vous étiez convaincus, par l'expérience et la réflexion, que cette action, hormis vous prendre du temps et plus ou moins d'énergie, n'a aucune chance d'avoir la moindre influence sur le résultat escompté, l'accompliriez-vous ? Probablement, votre réponse est "non !" Et bien, dans la réalité, notre comportement est-il conforme à cette réponse négative ? Ce n'est pas si sûr !

    Le vote (ou l'abstention) d'un électeur donné, aux élections présidentielles, législatives ou départementales, n'a jamais inversé quelque résultat que ce soit. Et la probabilité que cela arrive un jour est infinitésimale : dans l'hypothèse où deux candidats arriveraient à égalité, à une voix près, et devant les autres, au 2e tour, il y a  fort à parier qu'on revoterait.

    Pourtant, à chaque élection d'un des 3 types précités, des millions de personnes se déplacent comme des moutons pour aller "accomplir leur devoir" ("comme des moutons" n'a rien de méprisant : j'ai fait partie moi-même de ces troupeaux pendant des décennies) !

    Si le vote d'une seule personne n'a aucune influence sur le résultat, comment celui-ci s'explique-t-il ? Tout simplement par la capacité du vainqueur à convaincre plus d'électeurs que ses adversaires.

    La classe politique a un incontestable talent : elle a réussi à convaincre le peuple qu'il devait aller voter. Pour cela, elle a utilisé tous les arguments possibles et imaginables. Par exemple :

    "Chaque voix compte". Oui, chaque voix est décomptée, mais aucune, prise isolément, ne change quoi que ce soit.

    "Voter est un devoir de citoyen". Il s'agit là d'une tentative de culpabilisation de ceux qui n'iraient pas voter. Or la culpabilisation est une des armes privilégiées pour qui souhaite ne pas respecter la liberté d'autrui.

    "Voter est un droit, pour lequel des hommes ont combattu, dont certains ne disposent pas, et dont il faut profiter". Il y a des tas de choses que nous avons le droit de faire et que nous faisons rarement, voire jamais. Non pas qu'elles ne nous intéressent pas, mais nous devons faire des choix et nous privilégions les activités présentant, à nos yeux, le meilleur rapport satisfaction / coût. C'est au prix du combat de certains de nos aînés libéraux que nous avons obtenu le droit de créer des syndicats et d'y adhérer, par exemple. Combien d'entre nous en profitons ? Idem pour le droit de grève.

    "Si tout le monde raisonne comme ça ...". Il faut noter que la fin de la phrase est presque systématiquement omise ! Pourquoi tout le monde raisonnerait-il comme moi ? Si c'était le cas, cela voudrait dire que mon raisonnement est une évidence, comme celle selon laquelle il faut manger, boire, dormir, etc., pour survivre. Cette hypothèse (voir tout le monde refuser de voter) n'est-elle pas aussi absurde que celle de voir tout le monde voter pour un candidat déterminé ?

    J'ai pu observer que de nombreuses personnes se font un devoir d'aller voter, même quand aucun candidat ne leur convient. J'ai vu des personnes de mon entourage faire plusieurs centaines de kilomètres pour aller voter dans la ville où elles étaient inscrites ! J'ai vu des personnes faire 45' de queue dans le bureau de vote pour pouvoir voter. Leur vote personnel n'a bien entendu absolument rien changé au résultat de l'élection. J'entends, toutefois, ces personnes, tout à fait intelligentes et cultivées, être dans la dénégation la plus totale quant à l'utilité de leur vote, s'accrochant à l'idée que si un certain nombre de personnes avaient voté comme elles (c'est à dire pour le "bon" candidat !), cela aurait changé bien des choses. Nous avons souvent l'impression que notre seul vote, fait dans le secret de l'isoloir, peut avoir une influence sur le vote d'autres personnes. C'est bien sûr une illusion. Nous ne pouvons que difficilement nous en défaire, compte tenu du lavage de cerveau dont nous sommes victimes depuis notre plus tendre enfance de la part de l’État, des médias à son service et de l’Éducation Nationale.

    Le taux d'abstention de plus en plus élevé semble toutefois indiquer que la population perçoit de mieux en mieux, consciemment ou non, l'inutilité complète de son vote. C'est la raison pour laquelle la classe politique au pouvoir évoque de plus en plus l'idée de rendre le vote obligatoire.

    En ce qui me concerne, les choses sont de plus en plus claires :

    - mon vote serait parfaitement inutile et j'ai des tas de choses plus intéressantes et utiles à faire qu'à aller voter ;

    - je conteste la démocratie, si celle-ci consiste à attribuer le pouvoir politique à des personnes désignées par la majorité, voire par la plus grande des minorités, et non pas au peuple dans son ensemble. Cette démocratie-là n'a pas plus de sens que la transmission héréditaire du pouvoir royal. La seule démocratie qui aurait un sens consisterait à laisser chaque citoyen gouverner sa propre vie, en ayant recours au libre échange, dans le respect des droits d'autrui. Cette démocratie-là, c'est la démocratie libérale.

    - je suis un adversaire acharné du socialisme (qu'il soit de gauche, de droite ou du centre), qui prône le collectivisme (système fondé sur la propriété collective des moyens de production et d'échange) parce que cette doctrine nie les droits élémentaires de toute personne humaine : la liberté et la propriété. L’État, au niveau national ou local, est l'instrument de ce collectivisme, le propriétaire des moyens de production des services qu'il est censé rendre grâce à l'argent volé aux citoyens. Je ne veux pas de Président de la République, de députés, de ministres, de conseillers régionaux ou municipaux, je n'en ai pas besoin, je pense qu'ils ne peuvent être que nuisibles. Le seul dirigeant que j'accepte, c'est le Christ, Roi de l'Univers, parce qu'il est le seul à respecter ma liberté et que ses services sont gratuits, désintéressés.

    - j'invite mes lecteurs à lire l’œuvre magnifique de l'économiste français Frédéric Bastiat : "La loi". Tout y est admirable, notamment la dernière phrase : "Et puisqu'on a vainement infligé au corps social tant de systèmes, qu'on finisse par où l'on aurait dû commencer, qu'on repousse les systèmes, qu'on mette enfin à l'épreuve la Liberté, — la Liberté, qui est un acte de foi en Dieu et en son œuvre. "

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